Marie-Louise von Franz

Marie-Louise von FranzSes ouvrages à La Fontaine de Pierre

Marie-Louise von Franz a été la plus proche collaboratrice de C.G. Jung. Née le 4 janvier 1915 en Autriche, elle avait trois ans quand ses parents se fixèrent en Suisse. Elle en prit la nationalité et elle y vécut jusqu’à sa mort. Elle fit des études de philologie classique et passa sa thèse de doctorat en 1940.

Rencontre avec Jung
Un jour de 1933 (elle avait 18 ans), Jung invita quelques lycéens dans sa «Tour» de Bollingen. Laissons la parole à Marie-Louise von Franz :
«Jung parla de manière si impressionnante de la réalité de l’âme que j’en ai été profondément marquée. Je suis rentrée en me disant : « Il va te falloir dix ans pour digérer tout ce que cet homme t’a dit aujourd’hui. »» Lorsqu’elle lui demanda si elle pouvait commencer une analyse avec lui — elle n’avait pas d’argent — il répondit qu’en échange elle pourrait traduire pour lui des textes latins et grecs. Il lui mit alors entre les mains un vieux grimoire datant de 1678, le Musaeum Hermeticum. L’ouvrant au hasard, quelle ne fut pas sa stupeur d’y trouver — en latin — le récit d’un «grand rêve» qu’elle avait eu l’année précédente. Ce fut le début d’une collaboration qui devait durer jusqu’à la mort de Jung, en 1961.

Jung et l’alchimie
Jung était alors à un tournant de sa vie et de son œuvre : des rêves l’incitaient à se pencher sur le sens psychologique du symbolisme alchimique (1). Il avait 58 ans. Ce fut la période des grandes œuvres de C.G. Jung. Marie-Louise von Franz travailla à la sélection et à la traduction des anciens textes alchimiques et participa tout particulièrement à l’œuvre maîtresse de Jung : les deux tomes de Mysterium conjunctionis. Le troisième tome de cette œuvre, Aurora consurgens, est paru sous le seul nom de Marie-Louise von Franz. Etienne Perrot fit la traduction de l’ensemble et Aurora consurgens, relue par Marie-Louise von Franz parut à La Fontaine de Pierre en 1982.

Laissons la parole à Marie-Louise von Franz : «Lorsque j’ai rencontré Jung, il a eu le sentiment que je serais sa collaboratrice pour les textes alchimiques, à cause de ma connaissance des langues. C’est ainsi qu’il m’a donné à déchiffrer un vieux texte intitulé Aurora consurgens. J’ai dû commencer par apprendre la paléographie pour pouvoir seulement le déchiffrer. C’était une écriture du Moyen Âge que l’on ne sait habituellement pas lire. […] J’ai travaillé quinze ans à ce livre et c’est une de mes oeuvres principales. […] On remarque que cet alchimiste […] cherchait au fond à décrire une expérience intérieure mystique et non pas une quelconque opération chimique. Pour cette raison, il a truffé son texte de citations bibliques. Visiblement, c’est un clerc, probablement un dominicain qui l’a écrit. Pour ma part, je pense que cela pourrait avoir été le dernier ouvrage de Thomas d’Aquin.»

Les contes de fées
Redonnons la parole à l’auteur : «Presque à la même époque, j’ai commencé à m’occuper des contes de fées. C’est aussi venu à ma rencontre de l’extérieur. Une dame voulait écrire un livre sur les contes de fées. […] Elle m’a engagée pour que j’écrive le livre pour elle. C’est devenu un ouvrage de plus de mille pages. […] J’y ai travaillé pendant neuf ans […] (2). Je me suis tellement enthousiasmée qu’à partir de là, j’ai toujours donné des cours sur ce sujet (3). Beaucoup ont été enregistrés sur bandes et publiés. On y voit vraiment comment les archétypes opèrent. […] Jung a dit une fois : «Les contes nous donnent une anatomie comparée de la psyché collective !»

Avec l’accord de Marie-Louise von Franz, Francine Saint René Taillandier Perrot a élaboré, à partir des notes de cours, la version française de neuf des dix études sur les contes qui furent publiés à La Fontaine de Pierre. Six de ces livres parurent du vivant de l’auteur qui les a soigneusement relus et chaudement approuvés, y ajoutant parfois un passage. Ce sont : L’Âne d’Or, L’Interprétation des contes de fées, L’Individuation dans les contes de fées, tous trois parus en 1978, La Femme dans les contes de fées, en 1979, L’Ombre et le mal dans les contes de fées, en 1980, Les Mythes de création, en 1982. Sur la demande de l’auteur parurent, après sa mort, Les Modèles archétypiques dans les contes de fées (1999), La Princesse Chatte (2001), L’Animus et l’Anima dans les contes de fées (2004). La Délivrance dans les contes de fées, traduit par Jacqueline Blumer, a été édité à part aux Editions Jacqueline Renard dans la « Collection La Fontaine de Pierre » (1998).

Marie-Louise von Franz a aussi abordé des domaines très variés, comme en témoigne sa bibliographie. Elle s’est, en particulier, consacrée à des recherches sur les rapports entre la psyché et la matière et sur la synchronicité. Nombre et Temps, Psychologie des profondeurs et physique moderne, paru en français en 1978 à La Fontaine de Pierre, traduit par Etienne Perrot et M.-M. Louzier.

marie-louise-von-franz

Enseignante et analyste
Marie-Louise von Franz a dispensé pendant des années des cours à l’Institut C.G. Jung de Küsnacht (Zurich) et a donné de nombreuses conférences dans différents pays, en particulier aux Etats-Unis. Enfin, elle a consacré toute sa vie active à la psychothérapie, «l’analyse junguienne». Ceux qui l’ont connue savent avec quelle attention, quelle acuité et quelle compréhension elle pouvait aider les êtres à devenir eux-mêmes.

Elle partageait son temps entre sa maison de Küsnacht où elle recevait et le petit ermitage qu’elle s’était fait construire sur la colline au-dessus de Bollingen où se trouve la « Tour » de Jung. C’est là qu’elle se ressourçait. Après des années d’épreuves et de paralysie traversées avec un grand courage, elles s’est éteinte le 17 février 1998 dans sa maison de Küsnacht, soignée et entourée par ses proches disciples.

La Fondation qu’elle a créée
Marie-Louise von Franz avait fondé avec des amis, analystes confirmés formés par Jung et elle-même, à Küsnacht (Zurich), une Association, la Stiftung für Jung’sche Psychologie. La Stiftung a pour but d’organiser des conférences entre disciplines diverses, de donner des séminaires destinés à des analystes, de faire des publications. La formation des analystes junguiens se fait au « Zentrum ». Héritière des écrits de Marie-Louise von Franz, l’Association a fondé une maison d’édition, la Jungiana, afin de publier ses œuvres complètes. Plusieurs tomes sont déjà parus.

Nous remercions tout particulièrement Mme Françoise Selhofer de nous avoir permis de puiser renseignements et citations dans sa traduction française des paroles de la vidéo qu’elle a réalisée en 1982 avec l’auteur.

Bibliographie complète de Marie-Louise von Franz